Les papillons de la rentrée scolaire

par Krysta

rentrée scolaire
Oh la rentrée scolaire… 

Chaque année, à la suite de la rentrée scolaire, je recevais une augmentation de demandes de consultations en lien avec l’anxiété chez nos enfants. 

En effet, c’est une période où plusieurs enfants trouvent difficile de voir l’été (une saison dédiée au repos et au jeu) se terminer. D’autres trouvent difficile de changer de classe, de devoir dire au revoir à des relations significatives avec leur enseignant, les éducateurs et leurs amis.

Et pour certains enfants, la rentrée scolaire et tous les changements attachés contribuent à faire apparaître des papillons dans le ventre, de l’anxiété. Et c’était la situation de Tessa (l’histoire est modifiée pour préserver la confidentialité). 

Il y a déjà quelques années, à la fin du mois de septembre, je débutais un suivi avec les parents de Tessa, une petite fille âgée de 6 ans. 

Cette petite fille sensible était beaucoup alarmée. Depuis sa rentrée scolaire, Tessa avait de plus en plus peur du noir et des monstres, avait de la difficulté à s’endormir et se réveillait plusieurs fois par nuit en raison de cauchemars. Elle mangeait peu et ne voulait tout simplement pas aller à l’école. 

Les parents m’ont rapporté qu’ils ne savaient plus comment l’aider puisqu’en lui demandant ce qui la rendait anxieuse, Tessa répondait toujours «Je ne suis pas stressée, j’ai mal au ventre et je ne veux pas aller à l’école». 

Ainsi, mon rôle était d’aider les parents de Tessa à devenir davantage conscients de ce qu’est l’alarme et l’anxiété. 

L’anxiété est enracinée dans l’émotion de l’alarme. L’anxiété survient lorsque notre système d’alarme (système nerveux) est surchargé : quand l’alarme devient si grande, elle nous aveugle alors à sa vraie cause. Ainsi, lorsque nos enfants ont des papillons dans le ventre, que des monstres apparaissent sous le lit ou que tout autre symptôme d’anxiété survient, il faut savoir qu’habituellement, nos enfants ne savent pas pourquoi et c’est tout à fait correct ainsi. 

Lorsque nos enfants se trouvent en surcharge d’alarme, ils n’opèrent pas d’une place de raison.

Ainsi, Tessa n’avait donc pas besoin de se faire dire de se calmer, ni de se faire rappeler de penser positivement. Nos enfants anxieux n’ont pas besoin de se faire pousser dans tous les terrains trop anxiogènes. Ces interventions populaires boomerang peuvent en fait créer plus d’alarme, aggravant ou déplaçant la surcharge d’alarme vécue. 

Tessa, comme tous nos enfants anxieux, avait besoin de trouver son repos émotionnel. C’est au travers du repos émotionnel qu’on voit un système d’alarme surchargé (anxiété) se restaurer en un système d’alarme sain. 

Le chemin pour accéder à ce repos nécessite la prise en charge du parent. Cher parent, la relation que nous avons avec notre enfant a le plus grand pouvoir pour créer une expérience de sécurité pour nos enfants. 

Quel est le rôle du parent? À quoi peut ressembler cette prise en charge de la part des parents pour aider Tessa à vivre moins d’alarme par rapport à l’école? 

Les parents de Tessa ont créé énormément d’espace pour l’expression des émotions. Et quand Tessa ne trouvait pas ses mots, la communication se faisait par ses grandes émotions. Tessa libérait une partie de ses émotions par des cris, de l’opposition qui se transformaient avec le temps en pleurs. Les pleurs, accompagnés d’un adulte significatif, ont un pouvoir magique sur le système émotionnel de nos enfants. Ils libèrent nos enfants du trop-plein et ouvrent le chemin vers l’adaptation, la résilience et la maturité. 

En invitant généreusement les émotions le matin et au retour à la maison, petit à petit, les parents ont observé que Tessa devenait de plus en plus consciente de ce qui lui faisait peur. Peur que son enseignante ne l’aime pas. Peur de ne pas appartenir à un groupe d’amis. Peur d’être rejetée par sa meilleure amie. Peur d’être oubliée. Peur de ne pas être suffisante. Peur de ne pas réussir. 

Et c’est en faisant sens de ses peurs et en ressentant toute la vulnérabilité liée aux sources anxiogènes que Tessa a pu se libérer de la surcharge d’alarme. Cette libération contribue à faire reposer l’anxiété vécue. 

Les parents de Tessa ont dû développer une relation avec les émotions de Tessa. Avant, l’inconfort lié aux émotions les amenaient eux-mêmes à vouloir faire arrêter les peurs. «Voyons, les monstres n’existent pas!» ou encore à opter pour des stratégies de raisonnement qui augmentent l’alarme «Tessa, tu dois manger à l’école, voyons, sinon tu vas te rendre malade». Puis, au fil du temps, ses parents voyaient apparaître l’alarme et étaient capables de lui laisser plus de place.

Enfin, en ce qui concerne l’anxiété liée à la rentrée scolaire, sachez que plus nos enfants tombent en attachement avec les adultes en charge à l’école, plus ils se sentiront en sécurité. Les parents de Tessa ont ainsi cultivé des relations avec les adultes en charge à l’école en parlant régulièrement de son enseignant et du personnel de l’école, de qui ils sont et de leur rôle auprès de Tessa. L’idée étant qu’elle sache et surtout qu’elle ressente qu’elle peut compter sur eux. 

Pour tous les parent qui se questionnent aussi en ce moment à savoir sur quel pied danser avec leurs enfants anxieux suite à la rentrée scolaire, rappelez-vous ceci :

  • Nos enfants ont besoin que l’on crée l’espace nécessaire pour accueillir leurs grandes émotions.
  • Nos enfants ont besoin de vivre leurs deuils et de pleurer toutes les choses difficiles et effrayantes auxquelles ils sont confrontés en ce moment. Se sentir déconnecté de nous (ou rejeté) est l’un des sentiments les plus profonds et alarmants.
  • Nos enfants ont besoin de nous pour les aider à bâtir une relation avec les grandes personnes dans leur vie.

En tant que parent, nous devons développer une relation avec nos propres émotions et aider nos enfants anxieux à trouver leur repos émotionnel au travers de leurs mots, de leurs larmes et, essentiellement, en leur permettant de se déposer auprès de nous lorsque leur univers leur apparaît trop épeurant. 

Chers parents, guidons le chemin de nos enfants jusqu’à ce qu’ils se sentent suffisamment en sécurité pour puiser dans leur propre courage et traverser les moments plus difficiles qui feront partie de leur vie.

 

Karolann Robinson, D.Psy.

Krysta Letto, M.Sc.

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