L’expérience sage-femme de Karolann

par Karolann & Krysta

À l’âge de 25 ans, je suis tombée enceinte de mon premier enfant. Dans les heures qui ont suivi, j’ai contacté mon médecin de famille pour obtenir un premier rendez-vous. Je ne me suis pas posée de questions, c’était l’unique chemin que je connaissais. Et c’est ainsi que 41 semaines plus tard, je donnais naissance à mon garçon à l’hôpital. «Bébé va bien, maman va bien.» De l’extérieur, on pouvait dire que l’accouchement s’était bien passé, de même que les premières heures de vie de mon garçon. Et c’était ce que je pensais personnellement aussi à ce moment-là. Ce n’est que quelques mois plus tard que j’allais plonger dans un univers qui m’était alors inconnu et qui allait m’amener à mieux comprendre ma première expérience d’accouchement : une expérience de déconnexion de mon corps, de mes instincts, de mes émotions, de mon bébé. 

Enceinte de mon deuxième enfant, j’ai repris à nouveau un suivi médical dans les premières semaines. Toutefois, même si je ne comprenais pas le pourquoi encore, il y avait des sentiments et des pensées qui venaient me revisiter régulièrement. Puis, une journée, mon amie Mylène m’a parlée du suivi sage-femme. Je me suis sentie profondément interpellée par ce qu’elle m’expliquait, par la porte qui s’ouvrait maintenant à moi. Quelques jours plus tard, nous allions visiter, mon conjoint et moi, la Maison de Naissance de l’Outaouais et j’ai eu le privilège d’entamer aussitôt un suivi sage-femme. 

Il y avait quelque chose de leur environnement, de leur approche et de la relation qu’elles offraient qui résonnait profondément en moi. Je ne savais pas me l’expliquer encore, ni l’expliquer à mon entourage (et leurs doutes), mais c’était la voie que je devais choisir. Quelques jours plus tard, j’avais également pris contact avec Émilie, qui allait devenir ma doula pour mes deux prochains accouchements naturels – dont mon dernier dans le confort de notre propre maison

Comme d’habitude, voulant aller au fond des choses, j’ai lu et lu et lu. De nombreux livres, des articles scientifiques, des rapports, des récits d’accouchement. J’ai écouté des documentaires, des formations, des conférences. Et j’ai compris ce qui, pour moi, avait cloché pendant ma première grossesse, mon premier accouchement et mon premier post-partum. Bien que le personnel de l’hôpital avait bien fait son travail, le contexte relationnel qui permet le sentiment de sécurité n’y était pas. La déconnexion ressentie a été grande pour moi. 

Tout au long de ma seconde grossesse, mes deux sages-femmes et ma doula m’ont réellement empowerée. Des femmes professionnelles, bienveillantes, connectées qui savaient que j’avais tout en moi pour accoucher de mon bébé, mais ultimement pour devenir la maman dont mes petits avaient besoin. Cette expérience a été transformationnelle. Ça a créé un effet papillon… C’était le début de quelque chose de plus grand, réellement. 

karolann

La pratique sage-femme et ce qui y est prônée a un impact bien au-delà de la période périnatale, allant de la diminution de la prévalence de la dépression post-partum à une probable meilleure santé émotionnelle chez l’enfant pour les années à venir. 

Quelques années plus tard, en tant que docteure en neuropsychologie et cofondatrice de Cœur en tête, je peux expliquer en profondeur les dynamiques sous-jacentes à ces fortes affirmations. Oui, l’approche médicale a bien sûr sa place dans le monde des naissances. Mais je souhaite maintenant crier haut et fort à notre société d’aujourd’hui la nécessité de préserver, de protéger et de promouvoir ce service si essentiel qu’est la pratique sage-femme. 

 

Karolann Robinson, maman de 3 enfants et D.Psy.

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