La prison du sommeil

par Karolann & Krysta

comparaison parental

L’histoire de dodo d’une maman…

«Une très bonne amie et moi avons eu notre premier bébé en même temps. Nous avons été régulièrement ensemble pendant notre grossesse et nous avons accouché à quelques jours d’intervalles. Nous nous sentions vraiment chanceuses de pouvoir, dès les premiers jours, s’avoir en soutien, même si ce n’était parfois que le fait d’envoyer un petit texto en allaitant ou pendant la sieste. Même parfois, on s’attrapait la nuit et on riait de se retrouver ainsi aux petites heures du matin.

Les premières semaines ont été quand même difficiles pour moi alors que, bien sûr, c’était un tout nouveau monde. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais je pense que c’est tout à fait commun de se sentir ainsi. Mon conjoint ne pouvait malheureusement pas être présent autant qu’il le souhaitait en raison du travail alors je portais la plus grande charge.

Dans les premières semaines, mon amie était également sur le même beat. On dormait peu, on s’adaptait, on doutait, mais on savait que c’était une phase de nouveau-bébé. Mais, au fil du temps, un certain décalage s’est installé alors que son bébé a rapidement commencé à «bien dormir» autant la nuit que ses siestes. Il pouvait dormir de nombreuses heures de suite la nuit et il semblait déjà avoir une routine pour ses siestes le jour. Il dormait seul dans sa chambre, autant de jour que de nuit.

J’ai commencé à trouver ça plus difficile à ce moment-là. Non seulement elle m’offrait des conseils bien intentionnés, mais ma famille aussi le faisait dès que je leur mentionnais que je me levais quelques fois par nuit ou que je disais que j’avais parfois peu de temps pour accomplir mes tâches parce que les siestes étaient courtes.

Je me posais toutes sortes de questions, je regardais des blogues, j’ai même joint 3 groupes Facebook pour le sommeil des bébés. Puis, j’ai décidé de faire de ma priorité les siestes de mon bébé. Il devait dormir seul! Et je voulais du temps pour moi! 

À son âge, je lisais qu’il devait dormir 3 siestes par jour et qu’il devait y avoir certains écarts entre les siestes. Je cherchais aussi des signes de fatigue. Selon mes lectures, il fallait aussi que je le dépose alors qu’il n’était pas encore tout à fait endormi pour qu’il puisse enchaîner des cycles de sommeil. Lorsqu’il se réveillait, je devais l’ignorer un moment ou le rendormir pendant de longs moments, parfois sans même réussir. 

Puis ça a commencé à devenir un enfer. Je me concentrais tellement sur les siestes que je ne sortais plus de la maison pour respecter un horaire et pour tenter d’améliorer les choses. Je devenais de plus en plus frustrée dans mon quotidien et j’avais du ressentiment même envers mon bébé. Pourquoi, lui, ne faisait pas comme les autres? Pourquoi, moi, je n’arrivais pas à faire comme les autres? Il fallait qu’il apprenne… Sinon, comment serait la garderie ensuite? Je devenais impatiente dans tout ceci et les jours et semaines passaient, mais mon bébé lui, ne faisait toujours pas de belles siestes et de belles nuits comme les autres bébés que je connaissais. 

Puis, un jour, j’ai pleuré, j’ai pleuré et j’ai pleuré. Mon congé de maternité passait et je n’avais aucun plaisir. En fait, j’aimais de moins en moins ma maternité. J’ai abdiqué. Sur les siestes, sur le fait de compter les réveils nocturnes, sur le fait de me mettre de la pression sur tout et rien dans ça.

Mon bébé est unique, moi aussi, notre famille aussi, nos besoins aussi. Et, j’ai commencé à suivre davantage SON rythme à lui et à voir ce qui l’aidait à dormir LUI. J’ai commencé à faire par moment des siestes en portage, d’autres en poussette à l’extérieur ou au centre commercial, d’autres dans son lit des fois. Je me suis sentie de plus en plus en connexion avec mon bébé, de plus en plus épanouie dans mon rôle de maman et j’ai su que c’était la voie que je devais prendre.» 

La première année de vie peut être difficile. En tant que parents, nous sommes confrontés à tellement de changements… Notre vie change, nos relations changent, nos blessures remontent et nous sommes plus à risque d’être fatigués. Permettre un mouvement émotionnel, ressentir nos déceptions, nos deuils nous libérera de notre build-up émotionnel qui,sans expression, se transformera en colère ou anxiété.

Redéfinissons ce qu’est le selfcare parental.

 

Karolann Robinson, D.Psy.

Krysta Letto, M.Sc.

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